Le monde des symboles, leurs descriptions et interprétations à travers les âges et les civilisations. Dictionnaire évolutif et entièrement gratuit.
Douleur, virginité, axe
De nombreux arbustes et plantes portent des épines, c’est-à-dire des piquants. Le nom d’épine est parfois attribué soit à l’aiguille, soit à la plante qui la porte : l’épine blanche (l’aubépine), l’épine noire (le prunellier), l’épine jaune (le scolyme d’Espagne), l’épine rose (l’églantier). De nombreuses autres plantes sont porteuses d’épines, tels l’acacia, le robinier, la ronce, l’ajonc, le cactus, les feuilles du houx, du chardon, etc.
L’épine est la défense naturelle de la plante. Elle se rapproche du rôle de la corne chez l’animal. Son symbolisme est axial et solaire, tout comme les pierres levées appelées menhirs et nommées topologiquement « épines » [1]. Les alignements de pierres levées représentent en quelque sorte l’épine dorsale de la terre. En anatomie, l’épine dorsale est le nom que l’on donne à la colonne vertébrale. Son symbolisme est axial. Verticale, elle rejoint la terre et s’élève vers le ciel. Elle constitue, de ce fait, une union entre haut et bas, masculin et féminin.
Les plantes épineuses étaient l’emblème de l’humanité primitive de l’âge d’or. L’épine est un symbole de la terre vierge, puis, par extension, de la femme vierge [2].
L’épine peut servir d’agrafe pour fermer une plaie. Elle sert aussi à scarifier la peau chez certaines peuplades.
Se retirer une épine du pied soulage grandement et permet de progresser à nouveau, au sens propre comme au figuré.
Judaïsme
Dans l’Exode, Dieu se manifeste à Moïse sous la forme d’une flamme dans un buisson épineux, un roncier [3] (le buisson ardent).
Christianisme
Les fruits rouges de l’épine blanche (aubépine) étaient autrefois surnommés « poires du Seigneur », « poires à bon Dieu », ou encore « poires à cochon » [4].
D’après les visons de la mystique Anne Catherine Emmerich (1774 – 1824), l’épine noire (prunellier) aurait été l’un des trois arbres ayant pu avoir servi à fabriquer la couronne d’épine du Christ. Les deux autres sont l’épine blanche et le nerprun ou prunier noir et l’acacia [5].
D’un point de vue ésotérique, la couronne d’épine du Christ est un symbole de la vie éternelle associé au titulus INRI (Igne Natura Renovature Integra ; ou Ignem Natura Regerando Integrat). Il délivre le secret de la régénération universelle. Dans son sens exotérique, INRI signifie Iesus Nazareus Rex Iudaerum (Jésus le Nazaréen, roi des Juifs) [6].
On dit de la couronne d’épine du Christ qu’elle « célèbre le mariage du ciel et de la terre vierge ». Elle est « un anneau entre le Verbe et la Terre » [7], étant tirée des buissons d’épineux et des ronces qui poussent sur les terres sauvages non cultivées.
En Egypte, la couronne d’épine symbolisait les fiançailles ascétiques [8].
Parmi les statuettes de Vierges noires, beaucoup d’entre elles auraient été découvertes dans un buisson d’épineux, de ronces, ou d’épine blanche.
Islam
Dans le monde musulman, l’épine est un symbole de la douleur et de la difficulté. Elle est souvent associée à la douleur psychique ou affective. Elle évoque une douleur très vive telle la brûlure d’une braise [9].
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Notes et références
[1] Chevalier, Jean ; Gheerbrant, Alain, Dictionnaire des symboles, Laffont / Jupiter, Paris, 1982.
[2]Julien, Nadia, Dictionnaire des symboles, Marabout (Belgique), 1989.
[3] Normand, Henry, Dictionnaire des symboles universels, Dervy, Paris, 2008, tome 3 (Epine).
[4] Chavot, Pierre, L’Herbier des dieux, Dervy, Paris, 2009, p. 85.
[5] Ibid. p. 86.
[6] Julien, Nadia, Dictionnaire des symboles, op. cit.
[7]Chevalier, Jean ; Gheerbrant, Alain, Dictionnaire des symboles, op. cit.
[8] Julien, Nadia, Dictionnaire des symboles, op. cit.
[9] Chebel, Malek, Dictionnaire des symboles musulmans, Albin-Michel, Paris, 1995.